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La « Cigale » est prête à chanter tout l’été…

DSC_3512DSC00193DSC_4851C’est une de ces histoires comme nous les aimons à Escales. Un groupe de copains découvre un jour l’épave d’un bateau à demi coulée au bord de la Digue du Malafray à côté de Chateauneuf-du-Rhône ; elle intrigue. C’est alors qu’ils s’aperçoivent que l’embarcation est un ancien vire-vire, un bateau qui pêche tout seul dont nous avons déjà parlé (1). Nos découvreurs – tous amis du patrimoine – en sont tout heureux car il n’existe plus de représentant de bateaux de ce type. C’est donc une rareté.
Mais ils s’aperçoivent aussi que, traditionnellement en bois,  celui-ci est… en béton armé !
• Durant l’hiver et le printemps derniers, d’importants travaux de désensablage sont réalisés par MM. Pradier, Thielon et Bonfils, représentant l’enlèvement de 10 tonnes de sable environ ; ce qui a permis de mettre au jour la plate-forme en béton de la barque qui présente de lourdes dégradations. Un vire-vire en béton ! Ce n’est plus une rareté c’est une pièce unique. Du coup, ils retroussent leurs manches et décident de sauver l’épave, quitte à la reconstruire en partie. Et c’est ce qu’ils font. Ils récupèrent les débris, les assemblent, comblent les vides et reconstruisent une coque en béton digne de la célèbre barque de Lambot, inventeur du béton armé et premier constructeur de bateau avec ce matériau.
Aujourd’hui, M. Pradier et ses complices peuvent présenter La Cigale, embarcation doublement exceptionnelle, en état de marche, qui constitue une pièce majeure de l’héritage culturel de Châteauneuf-du-Rhône.
• A notre avis, il ne serait pas déraisonnable que le ministère des Affaires culturelles s’intéresse à cette initiative, menée par des bénévoles énergiques très attachés au patrimoine local.
Aramis
(1) Voir notre billet du 6 novembre 2014 « Le bateau qui pêche tout seul ».
(2) Rien à voir avec le ferrociment.
• Images : à gauche : la coque reconstituée à partir des éléments récupérés ; au centre : les travaux d’assemblage et de renforcement ; à droite, la « Cigale » dans son état actuel (on reconnaît les deux paniers métalliques actionnés par le courant). Et, bien sûr, la cabane pour abriter les heureux pêcheurs.

Des chalands en ciment sur la Seine

Chalands en ciment Bassin du Canal au Havre - 1,4 MoDes bateaux en ciment armé, le sujet a déjà été évoqué dans Escales Maritimes avec la barque de Lambot  précurseur de ce type de bâtiment dès 1855 (1). Une carte postale de sa collection a invité Claude Briot à rédiger ce billet en complément de ce qui a été dit dans nos chroniques.
• Pendant et après la Première Guerre mondiale, pour pallier le manque d’acier nécessaire à la construction navale, 108 chalands en ciment armé auraient été construits en France sur un programme initial de 150. Certains d’entre eux effectuaient le transport de marchandises sur la Seine entre Le Havre et Paris mais n’ont guère été étudiés. 23 chalands en ciment figuraient dans la liste des épaves recensées dans le Port du Havre fin septembre 1944 après les bombardements alliés de la ville et du port dont 7 appartenaient à la Société des Carrières de la Seine : Bruges, Ostende, Saïda, Mascara, El Kantara, Oujda, Boufarik.
• Malgré un excès de poids mort, ces chalands étaient finalement plus adaptés que les chalands en acier pour supporter la chute brutale des moellons dans leurs cales depuis des wagonnets basculants positionnés sur la berge.
Deux types de chalands avaient été mis en service : l’un de 43 mètres de long sur 4 de large et 3 mètres de tirant d’eau offrant une capacité de charge ou port en lourd de 500 à 550 tonnes pour un déplacement total de 750 tonnes. L’autre type de 1 000 tonnes de port en lourd  avait pour caractéristiques : 70 mètres de longueur sur 8  de largeur et 3 mètres de tirant d’eau également, compte tenu des profondeurs de la Seine navigable à l’époque (2).
Commandes du Gouvernement français pour la marine Marchande, les deux chalands en ciment Tortue et Gavial figurant sur la carte postale, illustrant ce billet, ont été construits en 1920. D’une longueur respective de 58 et 56 mètres pour 14 de large avec un tirant de 2 mètres et un port en lourd de 500 tonnes, on les voit ici en chargement de bûches de bois de teinture (3) qui arrivaient encore au Havre par  voiliers en provenance de la mer des Antilles. C’est d’ailleurs à ce trafic que les tout derniers grands voiliers de commerce français, les 3-mâts Bonchamp  et Général de Sonis armés au Havre par la Maison Potet et Cie ont terminé leur carrière en 1932 dans le Bassin Dock aujourd’hui dénommé Bassin Paul Vatine, point de rassemblement et de départ de la route du café devenue par l’exigence de son principal sponsor, la Transat qui porte son nom.
Claude Briot
(1) Escales Maritimes 18 novembre 2008. Catégories : Culture maritime – Patrimoine – Curiosité.
(2) Pour des détails techniques de construction de ces chalands de la Seine en ciment armé se reporter à l’étude de Charles Vireton publiée dans les Sciences de la Vie du 10 novembre 1917. Bnf Gallica.
(3) Bois utilisé par les Extraits Tinctoriaux pour la teinture des tissus, notamment le bois jaune et le bois de campêche.
• Illustration : Carte postale  postée au Havre par Jean… le 28 mai 1934 adressée à Daniel Parent du bateau Solway 89 à l’écluse de Bougival. Elle représente les chalands en ciment Tortue et Gavial dans le port du Havre amarrés dans le bassin du Canal en amont de l’écluse Vétillart avec en arrière-plan un ponton-grue flottant en manœuvre, un cargo au quai de Gironde (à gauche) deux autres cargos dont l’un des Chargeurs Réunis accosté devant le  hangar à coton (à droite).

Brève histoire des bateaux en béton armé

petit cargoIl faut tout de suite dire qu’il ne s’agit pas ici de bateaux en ferrociment, mais de bateaux en béton armé. La différence n’est pas de forme. Le ferro est constitué d’un fin maillage de grillage, étalé en plusieurs couches et imprégné de ciment ; sa structure est homogène et chaland 2souple. Il a connu un certain succès en plaisance. Le bateau en béton est, au contraire, rigide, massif, renforcé par une forte armature de métal, crago suede 3en tout point comparable au béton de nos maisons. La différence est notable.
• L’invention du béton armé revient à Joseph-Louis Lambot, un horticulteur (!) dont le premier ouvrage fut… un bateau ! modeste certes, mais bateau quand même. Il est connu sous le nom de « barque de Lambot » (1). En faisant sa barque Joseph-Louis  inventait du même coup – et vraisemblablement sans le savoir – un matériau qui allait révolutionner (un peu) l’architecture navale et (profondément) l’architecture tout court. Il est Français, petit cocorico s’il vous plaît.
• Une fois inventé, le béton armé (breveté en 1855) fut l’objet de nombreuses recherches dans toutes sortes d’applications, dont, bien entendu la construction navale. Les ingénieurs de tous les grands pays s’intéressèrent au matériau qui ouvrait de nouvelles perspectives. Cela se passait à la veille et durant la Première guerre mondiale, où l’on cherchait à économiser l’acier réservé à d’autres usages… On imagina des bâtiments de guerre en béton, sans grand succès. Pendant le conflit, des péniches en béton de 1 000 t, britanniques et américaines transportèrent armes et munitions vers la France. On envisagea (l’a-t-on fait ?) de faire des chalands-hôpitaux pour ramener les blessés vers l’arrière. Après le conflit, en 1918 fut lancé aux USA le Faith de 3 500 t et 10 cm d’épaisseur de coque ; dans la foulée l’Angleterre lançait l’Armistice de 2 500 t, l’Allemagne l’Amoeneburg pour le transport sur le Rhin ; en 1919 les Américains mirent à l’eau le Selma de 7 500 t (133 m de long, épaisseur de coque de 7 cm avec agrégats légers) ; on en aurait construit une quinzaine pour un total de 72 000 t. En France, en 1921 une douzaine de quilles furent mises en chantier sur les idées du  célèbre ingénieur Freyssinet.
• Et puis, entre les deux guerres, soudainement, tout s’arrête, comme si le béton Lire la suite ‘Brève histoire des bateaux en béton armé’

Pseudo-Quiz n° 85 – Testez vos connaissances

Tous les anciens (et même ceux qui ne le sont pas encore) se souviennent du célèbre Vaurien, le premier dériveur de la plaisance populaire. Son architecte, J-J. Herbulot, a signé là, une brillante réussite.
Mais qui connaît l’origine de ce nom (Vaurien) et pourquoi  fut-il choisi ?
Vous, peut-être…
• Réponse à la fin du prochain pseudo-Quiz.
Réponse au pseudo-Quiz n° 84 : Il y avait trois questions, voici trois réponses  /1 – Le matériau est le béton armé /2 – C’est la première fois (1855) qu’on utilisait ce matériau pour en faire un bateau, et pour cause… /3 – C’est aussi, une première mondiale : l’invention du béton armé, dont on fit plus tard des gratte-ciel, des ponts et des… HLM.
Petit détail, l’inventeur, M. Lambot, était pépiniériste.

Si le sujet vous intéresse, cliquez ici
• Première bonne réponse (incomplète toutefois) : François Brose, une heure après mise en ligne. Mais réponse plus complète de Gilles Weber arrivée hier…

Quiz n° 39 – Testez vos connaissances

Regardez cette image ; c’est un vestige de blockhaus allemand du Mur de l’Atlantique.  Un facétieux s’est amusé à y peindre d’étranges hiéroglyphes.  Où se trouve-t-il ?
– Sur la plage de Chatelaillon (17).
– Sur l’île de Hœdic (56) (Pointe du Vieux château).
– Au Havre (76), au pied de Sainte-Adresse.
– Sur la plage de la Baie des Trépassés (29).
Nota – Il s’agit de dessins en trompe-l’œil et non de gravures dans le béton.
• Réponse à la fin du prochain Quiz.
• Réponse au Quiz n° 38 :  une embarcation, dite Barque de Lambot, dont nous avons déjà parlé. (premier répondant Gil Chartier)

Le petit bateau un peu fou (2)

lambot-dessus1liston1lambot-face-copie3
Allez, on n’est pas chien. D’après vos messages, vous êtes nombreux à vous intéresser à la désormais célèbre « Barque de Lambot » en béton armé. (Voir notre article du 18 novembre dernier). Alors, comme nous sommes en période de fêtes nous vous proposons ce petit cadeau insolite : trois photos de cet incroyable objet flottant. Comme vous le constaterez, il n’est pas dans un état irréprochable, mais il est très vieux (plus d’un siècle), il ne faut pas demander l’impossible à une pièce de musée. D’où la question : flotterait-il encore ?
Bah…
Chacun en pensera ce qu’il veut ; pour vous aider à vous faire une idée nos photos vous montrent à gauche : ses formes rondouillardes, un peu lourdes ; au milieu : un liston qui ne craint personne ; à droite : l’étrave, robuste, mais qui a mal supporté  un abordage un peu sévère…

L’incroyable filiation d’un petit bateau un peu fou…

epsn0002bateau_je_sers_proue1profil-peniche-betonÇa se passe au XIXe siècle.
C’est encore l’histoire d’un mec… qui n’a rien d’un marin ; il est pépiniériste, profession on ne peut plus terrienne. Ce type a l’habitude de fabriquer de ses mains des caissons en ciment renforcé de fil de fer pour y mettre des orangers. Un jour, il se dit qu’il pourrait faire d’autres objets, plus élaborés, avec un matériau aussi docile. Il pense alors à un bateau, une simple barque, qu’il pourrait faire naviguer sur l’étang de sa propriété de Miramar, dans le Var. Mais le ciment (et le sable) ne sont pas assez rigides pour constituer seuls, une enveloppe capable de répondre aux exigences du vieil Archimède.
Joseph-Louis Lambot (c’est son nom) imagine alors une « combinaison de fer et de ciment » permettant de gagner en rigidité tout en diminuant le poids.
Et il fabrique sa barque (voir photo). C’est un gros engin de 2,96 m de long, 1,28 m de large, qui pèse… dans les 600 kg !. Mais ça marche. Tout fier, il promène sa petite famille qui applaudit. En fait, il en fait deux, identiques, l’une s’est perdue, mais l’autre existe toujours. Ces deux barques font l’objet d’un brevet déposé en 1855 et sont présentées à l’Exposition universelle, la même année. Elles connaissent un succès d’estime, sans plus, distinguées mais modestement primées. Lire la suite ‘L’incroyable filiation d’un petit bateau un peu fou…’


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