Search Results for 'amphitrite'

Un armateur inattendu, Caron de Beaumarchais

Caron de Beaumarchais - portrait - collection C. BriotQuel rapport entre l’Hermione, Lafayette, Le Havre et la guerre d’indépendance américaine ? Réponse : Caron de Beaumarchais l’illustre auteur du Mariage de Figaro et de la fameuse phrase : Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. Revenu en France le 3 février 1779, après son premier voyage en Amérique du Nord pour prêter main forte aux Insurgents américains (1), La Fayette est au Havre du 1ᵉʳ juillet à fin octobre 1779. Il loge à l’Hôtel de la Douane quai Notre-Dame, invité par le Receveur des Fermes Cadran. Il explique dans ses mémoires (2), qu’au début de ses expéditions en 1776, alors qu’il était obligé de les mener secrètement, il était entré en relation avec Silas Deane diplomate et commissaire des Insurgents en poste à Paris, lequel passait en sous-main notamment par Le Havre mais pas seulement car il fallait ruser avec les Anglais : armes, munitions et volontaires par l’intermédiaire de Caron de Beaumarchais. Celui-ci avait épousé la cause de l’indépendance américaine et s’était improvisé armateur avec l’intention de réaliser de beaux profits dans le commerce des armes ; le remboursement des capitaux engagés devait en principe se faire avec les retours en France des navires chargés de tabac de Virginie, de riz de Caroline et autres produits américains. En quelque sorte un commerce de troc (4) comme pour le trafic triangulaire des captifs africains en pleine expansion à cette époque.
Soutenu clandestinement par Louis XVI, Beaumarchais monte avec des fonds publics, ce qu’on appelle aujourd’hui une société écran pour déjouer les Anglais. Domiciliée chez lui à Paris, il s’agit de la maison pseudo-portugaise Roderigue Hortalez et Cie. Dans un premier temps, il achète aux arsenaux et aux manufactures : 200 canons en bronze, 100 000 boulets, 13 000 bombes, 30 000 fusils d’infanterie, 95 000 aunes de drap pour habits de soldats, 40 000 aunes de toile pour doubler les culottes… En 1777, il affrète les voiliers de commerce Romain, Andromède, Anonyme, Seine, Mercure à l’armateur nantais Carrier de Monthieu, puis une frégate l’Amphitrite commandée par Nicolas Fautrel qui charge au Havre 21 canons, 20 000 boulets en fer, 31 pièces d’artillerie légère, plus de 6 000 fusils, 9 000 grenades, et embarque 49 officiers militaires français volontaires pour aller assurer la formation combattante des Insurgents. À ces 6 premiers bâtiments viendront s’ajouter 34 autres dont le Fier Roderigue, fleuron d’une flotte de 40 navires pas tous à flot en même temps (3).
Mais les rêves de fortune de Beaumarchais dans le commerce des armes vont connaître de sérieux revers. Les retours d’Amérique de ses navires chargés en marchandises promises ne se réalisent pas. La dette américaine s’élève à 3 600 000 livres. Acculé à la banqueroute, il ne doit sa survie financière qu’aux subsides royaux. La reconnaissance et les éloges viendront de Silas Deane. Rendant compte de sa mission en France, ce dernier déclare au jeune Congrès américain qu’il n’en serait jamais venu à bout sans l’aide courageuse de M. de Beaumarchais à qui « les Etats-Unis sont plus redevables sous tous les rapports qu’à toute personne de ce côté de l’Océan ».
Claude Briot
(1) Colons anglais d’Amérique du Nord en lutte pour leur indépendance. La Fayette, parti de Bordeaux en avril 1777 à bord de la Victoire, est rentré en France avec l’Alliance. Au voyage suivant, il embarque à Rochefort le 10 mars 1780 à bord de l’Hermione.
(2) Mémoires, correspondances et manuscrits du général La Fayette. Bnf-Gallica.
(3) Roger Lafon : Beaumarchais, le Brillant Armateur. Ed. Maritimes et Coloniales. Paris. 1928
(4) Captifs africains contre alcool, fusils et pacotilles – Produits coloniaux des îles françaises d’Amérique et de la Guyane en échange.
• Illustration : Portrait de Caron de Beaumarchais. Beraud et L’Etienne imprimeurs Paris. Collection auteur.

Le boudin à huit moteurs (explication)

image004Escales Maritimes est très fier de ses lecteurs. Grâce à leur expertise (et leur amabilité), nous avons pu reconstituer l’histoire du « boudin à moteur » publiée hier. Sitot lancées sur la Toile, nos interrogations ont reçu de nombreuses réponses.
• Le lieu ne fait aucun doute. Les photos ont été prises dans  le port de Nice dans les Alpes Maritimes ; on distingue la « folie de l’Anglais » en haut à gauche au-dessus du Cap de Nice. Les témoignages sont unanimes.
• Pour ce qui est du fameux « boudin », il s’agit de l’Amphitrite du Cdt Cousteau, ainsi que l’avait suggéré l’ami J-L Dauga ; c’était à l’époque le plus grand pneumatique du monde, fabriqué par la Société Zodiac : 19,50 m de long, 8,70 de large, 1,35 m de tirant d’eau, vitesse 13 nœuds, une cabine pressurisée en vinyl pour 5 personnes.
• Si nous avons bien compris, le rôle de l’ engin était de servir d’appoint intermédiaire entre le scaphandre autonome et le bathyscaphe, mais, également, de moyen d’exploration intensive des petits fonds. J. Bavastro (qui nous a adressé la photo  jointe, merci à lui) parle essentiellement de plongées en Méditerranée, mais d’autres, précisent que le pneumatique devait servir à la mise en place des installations sous-marines de  l’opération « Sous continent 2 » à Shab Rumi en mer Rouge (au Soudan). Cette opération aurait tourné court, P. Petit Devoize rappelant que le Cdt Cousteau, alors directeur du Musée Océanographique de Monaco et PDG de CEMA (Constructions Maritimes Avancées), n’a jamais pu obtenir les résultats attendus ; l’opération  s’est soldée par une faillite retentissante (entre 2 et 4 milliards de l’époque) dont le contribuable a dû régler la facture…
Escales remercie personnellement tous les intervenants, pour leurs utiles contributions, et spécialement Arthur, J. Bavastro, R. de Cayeux, J-L Dauga, J. Joncour, P. Petit Devoize, R- C Réthoré, Sérafini, Ph. Uziel. Si nous ne publions pas leurs riches commentaires, c’est seulement parce qu’ils sont très détaillés ; nous avons préféré en tenter une courte synthèse…
Aramis
• Image (transmise par J. Bavastro) – L’Amphitrite présentée aux officiels ; sans doute à l’occasion de la visite du général de Gaulle en 1960. Chose que nous n’avions pas remarquée, la cabine semble décalée sur tribord.


Contact
« Escales Maritimes » est ouvert à tous. Contributeurs, informateurs, critiqueurs, approbateurs, suggestionneurs…
Pour ceux-là, une seule adresse : escales.maritimes@orange.fr

Archives

Faites connaître
Escales Maritimes !

Ajoutez ce lien dans votre site :
https://escales.wordpress.com/

Affichez cette bannière dans votre site en copiant le code suivant dans votre page html :
<a href="https://escales.wordpress.com/"><img src="https://escales.files.wordpress.com/2010/01/escales3.gif" alt="" width="180" height="60" /></a>

Les opinions émises ne sont pas nécessairement celles d'Escales Maritimes ; elles sont de la responsabilité de leurs signataires.