Léopoldine et le mascaret

 
Contrairement à ce qu’on m’a appris à l’école, Léopoldine Hugo, la fille du grand Victor, n’a pas perdu la vie, emportée par un mascaret à Villequier. Elle est morte dans un banal accident de voilier, comme hélas il s’en produit parfois. En 1843 il n’existait pas de ponts entre Rouen et Le Havre ; pour chaque traversée, il fallait soit emprunter le bac soit passer avec une embarcation. Le 4 septembre, Léopoldine et son époux Charles vont consulter leur notaire à Caudebec ; par grand beau temps, ils traversent le fleuve sur un petit dériveur lesté, il y a peu de vent. Au retour, du côté du « Dos d’Ane », ils sont surpris par une brusque survente qui  couche le voilier. Ils n’ont pas le temps de s’installer au rappel, le bateau chavire. Prisonnière sous la voile Leopoldine se débat, son mari tente de lui porter secours, en vain. Ils périssent ensemble, noyés. Elle n’avait que 19 ans.
Deux autres passagers, l’oncle et le neveu, périssent dans l’accident.
Telle est la vérité sur ce tragique événement, dénaturé par une légende aussi tenace qu’incompréhensible.

(Source : Bernard Rousse, ancien pilote major au pilotage de la Seine ; merci à lui).

4 Réponses to “Léopoldine et le mascaret”


  1. 1 Quiesse Guy 24 août 2009 à 08:37

    Enfin je découvre la vérité !
    Nous sommes tellement nombreux à avoir pris des vessies pour des lanternes !
    Qui a crée la légende écrite dans nos livres scolaires ? A cette époque, il n’y avait pas d’office de tourisme à Villequier ou Caudebec pour vouloir promouvoir le phénomène naturel du mascaret attirant les foules !
    Bravo à Bernard Rousse, les pilotes de la Seine ont toujours eu connaissance du fleuve et de ses « histoires » drôles ou dramatiques. Le fleuve attend toujours celui qui écrira ses mémoires! Il n’a pas du apprécier qu’on l’accuse, alors que le coupable était Eole, où bien un malhabile nautonier !

  2. 2 de Cayeux 24 août 2009 à 10:15

    merci à Bernard Rousse !

    Oui comme le dit Guy Q. que de fausses infos qui ont ensuite la vie dure.

    Pour ma part je tente de réhabiliter l’expression « Ecraseur de crabes » j’y mets les pilotes car n’est-il pas merveilleux de posséder une telle connaissance des petits fonds écueils… au point d’être capable de passer sur un haut fond sans le toucher mais en écrasant parfois, sans volonté assassine un malheureux crabe vert !

    Mes interlocuteurs s’extasient devant la réalité de cette expression qu’en tant qu' »écolos » ils sont souvent à prendre à la lettre ! bousilleurs volontaires de crabes…

    Amitiés

    René de Cayeux

  3. 3 mduron 24 août 2009 à 17:30

    Merci René pour cette observation pertinente. Un « écraseur de crabes » est finalement un fin manœuvrier, pratique de sa zone de travail et connaisseur des hauteurs d’eau disponibles… Et tant pis si, à l’occasion, il effleure la carapace de ce sympathique crustacé. Ecraseur de crabes n’est donc nullement péjoratif, c’est un compliment. C’est bien ça ?
    Amicalement.
    Aramis

  4. 4 Quiesse Guy 25 août 2009 à 09:02

    J’ajouterai aux vérités ci-dessus, que selon les Cdts. Aubin et Louis La Croix, les écraseurs de crabes étaient les capitaines au cabotage, car à marée basse, ils échouaient dans les rias et petits ports des côtes bretonnes ou anglaises.


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