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La nef de table de monsieur Ferdinand

L’été dernier, nous avons publié un billet sur les nefs de table que les nobles et riches bourgeois plaçaient devant eux au moment des repas. Ils y enfermaient jadis leurs propres couverts, de peur d’être empoisonnés. Elles fermaient à clé comme des coffres-forts. Depuis les choses ont évolué, et l’assassinat par poison n’est plus guère d’actualité. Mais la tradition de la nef a perduré à travers les temps en devenant purement décorative. Témoin cette nef offerte par l’impératrice Eugénie à Ferdinand de Lesseps à l’occasion de l’inauguration du canal de Suez le 17 novembre 1869. Le bateau a perdu son gréement mais s’est enrichi de symboles glorieux. Le motif, un peu pompier, célèbre la gloire du grand ingénieur avant ses déboires dans l’affaire du canal de Panama. Le percement du canal de Suez fut un événement considérable qui allait modifier profondément le commerce par voie de mer. D’où la nef
• Image –  La nef de table de ce vieux Ferdinand ; un peu surchargée, tout de même… (Photo F. Viader)  

Les nefs de table (suite)

Vous avez été nombreux à apprécier notre billet sur les nefs de table publiés le 18 août dernier.
Depuis, nous avons un peu fouiné et découvert deux nouvelles représentations de ces curieux objets
• Ci-contre, une nef en argent de la fin du XVIIᵉ attribuée à l’orfèvre allemand Pfeifelmann ;  elle mesure 0,45 m de haut, sa coupe 0,20 m de diamètre ; elle ne paraît pas comporter de fermeture. L’artiste a visiblement recherché une représentation naturaliste (personnages compris) mais le « navire » semble voguer vent debout ! (proue face au vent)… Ce qui n’est pas bien grave pour son usage.
• Au-dessous, ce n’est pas tout à fait une nef de table mais plutôt une boîte à épices en argent massif  (XVIᵉ siècle). L’orfèvre (Claesz An Emden) lui a donné des formes plus sobres, nullement surchargées, et sans allégories. L’œuvre est nettement inspirées des vraies flûtes de cette époque.
Aramis
• Source : Arts et Marine, Editions du Petit Palais – 1965

Un voilier sur la table du prince…

Allez, une petite curiosité pour se délasser un peu.
Nos images représentent ce qu’on appelait au Moyen Âge (et même bien plus tard) une nef de table. C’est une pièce d’orfèvrerie, témoignant de la position de son propriétaire dans la hiérarchie nobiliaire ; les plus belles appartenaient au roi.
L’objet en question n’avait de lien avec le monde maritime que la nécessité de représenter un navire, plus ou moins stylisé, plus ou moins ouvragé, toujours somptueux. Il y en avait dans toutes les provinces du royaume, même celles de l’intérieur.
Les inventaires mentionnent une quantité prodigieuse de ces nefs de table, d’argent, d’or, décorées d’émaux, de pierres précieuses, avec leur gréement et voilure de soie. On la plaçait sur la table du seigneur, face à lui, marquant la place d’honneur.
• Mais son rôle n’était pas seulement d’ornement. Soigneusement cadenassée (on n’est jamais trop prudent), elle contenait en effet la vaisselle, les couverts, gobelets, coupes et salières, personnels du maître des lieux. Sa vraie fonction était de le préserver des risques  d’empoisonnement. Sous Louis XIV, les mémoires du temps signalent un nombre prodigieux d’empoisonnements crapuleux… A contrario, l’usage voulait que, pour montrer sa confiance envers un invité suzerain, le vassal s’abstienne de recourir à sa nef de table.
Reste à savoir pourquoi une nef et non un autre objet, coffret, vase ou cassette par exemple ; je n’ai pas trouvé.
Aramis
• Images. Trois nefs de table montrant quelques interprétations du sujet.

Sur une nef, au Moyen Âge…

Vers le 13e siècle, les traversées maritimes ne sont pas des sinécures. Les nefs (ou naves) sont des bateaux primitifs, instables, sans confort ; ils tiennent mal la mer. Les malheureux passagers sont soumis à des conditions de vie fort rustiques. Pour dormir (à même le sol), ils disposent d’une surface bien délimitée d’environ 1,85 m sur 0,65 dans un entrepont sombre et puant. Ils sont tenus d’apporter leur paillasse, sinon ils dorment par terre. Comme l’espace est très réduit, l’emplacement est loué à deux personnes qui l’utilisent à tour de rôle. Les riches bourgeois peuvent bénéficier d’un compartiment spécial appelé « paradis », avec une sorte de châlit. Leur domestique dorment par terre, au pied du lit.
Comme on voyage souvent avec sa monture, les chevaux  sont parqués à fond de cale ; dans le gros temps, les pauvres bêtes sont suspendues par des sangles qui passent sous leur ventre.
En somme, c’était un peu comme sur un ferry, mais en plus rustique…
Athos

L’Arctique se meurt, on attend le coup de grâce…

route nordTentative (très sommaire) d’une approche raisonnable de la course à l’Arctique.
• Le pôle Nord est menacé ; le climat change, les glaces fondent, un continent disparaît. Dans une trentaine d’années ce devrait être chose faite. A ce sujet, il y aurait beaucoup à dire des responsabilités humaines mais ce n’est pas ici notre propos (nous en reparlerons).
Notre sujet serait plutôt, pourquoi ce phénomène angoissant est une aubaine pour certains grands intervenants. Voyons cela
• Les armateurs, d’abord. Avec la fonte de la glace, ceux-ci entrevoient (et se préparent) à exploiter  le fameux passage du nord-ouest qui raccourcirait significativement (40 % env.) la longueur des liaisons Europe-Asie pendant plus d’un trimestre chaque année. D’où de notables bénefs… Cela pourrait se faire dans une vingtaine d’années.
• Les exploitants d’hydrocarbure, ensuite. C’est tout autre chose. Ce qui les intéresse est le passage du nord-est qui fait une boucle autour de l’océan Arctique et  le Groenland. Pas pour y faire circuler des porte-conteneurs, mais pour exploiter son socle, riche, très riche. Ils se livrent à un véritable bras de fer depuis qu’on y a découvert de prodigieuses réserves de gaz et de pétrole. (13 % des réserves mondiales de pétrole, 30 % des réserves de gaz, excusez du peu.) (1). De quoi faire rêver les gros voraces (et gros pollueurs) distributeurs d’énergie. Ajoutons au passage que la fréquentation des canaux de Suez et Panama risque d’en prendre un coup, avec, pour Suez, la conséquence inattendue, d’une perte de « ressources » pour les pirates somaliens…
• De leur côté les Etats s’en mêlent en soutenant armateurs et compagnies nationaux car dans les deux cas les enjeux sont stratégiques et « sensibles », donc politiques (chaque Etat a sa propre politique énergétique).
Très simplement, ces considérations expliquent à grands traits, l’état de la compétition qui se déroule autour du Pôle et dont les conséquences maritimes seront considérables.
Quant à savoir quel sera le destin de l’ours blanc, première victime annoncée, c’est une autre histoire. On peut tout juste prédire que des victimes, il y en aura d’autres. Beaucoup.
Aramis
(1) Accessoirement on y trouve aussi des gisements d’or, argent, zinc, plomb, fer, cuivre nickel et autres.

Deux recettes pour avoir un vent favorable

Tous les grands auteurs maritimes, de Louis Lacroix à Armand Hayet relatent les superstitions des marins pour faire venir un vent favorable. Parmi elles, en voici deux, très recommandables qui donnaient encore d’excellents résultats au début du XXᵉ siècle. Elles intervenaient lorsque les autres méthodes s’étaient révélées inefficaces.
• Dans les zones de vents contraires, il était conseillé de frotter de la corne sur la roue de gouvernail ; mais comme cette matière était assez rare à bord des grands voiliers, le recours à un cocu notoire (porteur de cornes virtuelles) pouvait faire l’affaire. L’intéressé devait frotter son front sur la roue tandis que l’équipage marmonnait en chœur cette petite incantation :

Allons cornard,
Corne sur bois
Bois sur corne,
Gentiment,
Donne le vent
Que j’attends.

Le plus difficile, paraît-il, étant de trouver un cornard de bonne volonté acceptant de jouer ce rôle un tantinet humiliant.
• Si cela ne suffisait pas, le capitaine excédé pouvait jouer son va-tout en dégainant son arme secrète : tirer sur le bon Dieu. Si, si, le bon Dieu…
Diable !
Le rituel consistait d’abord à crier de toutes ses forces le nom du vent désiré, puis, s’il ne se passait rien, (ce qui arrivait parfois) à épauler sa pétoire et tirer en l’air, en traitant le Tout puissant de « Pierrot ! » Inévitablement, arrivait alors la risée salvatrice. 
Athos

Quand Kerdubon flingue les capitaines de pacotille

• Coup de gueule – Ce papier a été visiblement inspiré par le comportement d’un capitaine dont on a beaucoup parlé ces temps-ci. Il reflète le point de vue  d’officiers plus conscients de leurs responsabilités.
Même s’ils font mouiller les midinettes poudrées et ouvertes… plus rapidement qu’un navire en baie abritée,  les graaannnnds  et brillants capitaines aux manches ornées des galons obtenus par leurs quartiers de noblesse ou leurs ronds de jambe dans les salons républicains, n’ont que mon mépris de modeste écraseur de crabes, commandant pendant 18 ans, marin pendant 38 ans !
Certains devenus amiraux par grâce Royale, qui n’ont même pas été capables de distinguer le nord du sud,  ont fait massacrer pour leur plus grande gloire, leurs équipages obligatoirement soumis. L’ennemi Anglois de préférence, aussi taré qu’eux, avait eu plus de chance en chopant par hasard… le bon vent portant !
Depuis  « La blanche nef » (XIIᵉ siècle) jusqu’au « Costa Concordia »  en passant par « La Sémillante » et autres, dont la liste remplirait des pages, ils ont entraîné dans les abîmes maintenant faciles à sonder, des centaines de mathurins enrôlés plus ou moins de force ou par misère.
Leurs vaisseaux de 74 canons ou de commerce, n’étaient pas des embarcations du dimanche. De véritables professionnels, artisans et artistes, avaient mis hors cale en pleine eau, des bâtiments capables d’affronter les pires fureurs océanes… mais jamais hélas… la connerie prétentieuse des Capitaines de pacotille brillante comme des colifichets pour nègres esclaves, qu’on embarqua vers… NOS… colonies ! Je ne parlerai pas des boîtes à sardines pour touristes, depuis le « Titanic » jusqu’au « Costa », un glaçon ou un simple rocher les ouvre de l’avant à l’arrière, pour une césarienne mortelle, non pas par fièvre puerpérale, mais celle nommée « panica generale » !
Certains, bicorne ou casquette à poste, toujours pavillon haut, ont coulé bas à la passerelle de leur navire…  d’autres se sont enfuis comme des rats… on ne refait pas l’humanité avec son lot de héros de roman à quatre sous, et de lâches valant le même prix !… Tant qu’il y aura des hommes, il y aura la mer à affronter pour se sentir héros… la peur à étrangler, pour se sentir vivant, et les femmes à caresser pour se sentir… bander !
Kerdubon

Le retour des « maries-salopes »

A propos du billet « Que vont devenir les pollueurs » du 30 juillet, mon vieil ami Henri (*), me fait remarquer une fois de plus qu’il faut se méfier des terminologies à la mode. Un navire « pollueur » n’est pas forcément un navire « poubelle » ; il peut être en excellent état et lâcher sa merde sans vergogne. Un navire mal entretenu, délabré, dangereux (et pas obligatoirement pollueur) n’est pas non plus une poubelle, c’est un navire « pourri ». Il faudrait donc oublier le mot « poubelle » (patronyme d’un respectable préfet de police) et s’en tenir à « pollueurs » pour les uns et pourris pour les autres.
En l’occurrence, cher Henri, Escales Maritimes s’est contenté de reprendre l’interrogation de Mor Glaz peinte sur la coque… le cargo russe étant peut-être à la fois pollueur et pourri !
En tout cas, il faudra trouver un nom précis pour désigner un navire, ni pollueur, ni pourri, transportant des déchets dangereux, organiques, nucléaires, chimiques ou autres. Le mieux serait peut-être de reprendre, comme tu le suggères, le vieux nom de « marie-salope » explicité dans le célèbre Dictionnaire de Bonnefoux et Paris à la page 495.
Maurice Duron
(*) Excellent copain et érudit maritime


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