• Où Kerdubon découvre les délices culinaires asiatiques – A la veille du départ à Singapour dans ces années 50, il était temps de dépenser nos derniers dollars locaux en achetant quelques bricoles et surtout des piastres pour notre prochain passage à Saïgon. Avec le départ officiel des Français d’Indochine, la dislocation des Etats Associés, le partage du Tonkin et de la Cochinchine en Nord et Sud Vietnam… personne ne savait ce qu’allait devenir la piastre… Alors pour une poignée de cacahuètes, dans n’importe quelle monnaie, les changeurs qui avaient vécu de son trafic… comme tant de notre beau monde français, s’en débarrassaient. Avec peu de fonds, nous sommes devenus presque millionnaires… puisque cette piastre fonctionnait encore parfaitement à Saïgon, où elle était maintenue artificiellement au taux officiel. A part « change alley » réservée aux trafics d’argent, toutes les alleys du coin étaient transformées en un immense bazar… made in Japan. On y trouvait du matériel photo, et du matériel radio électrique… Les Japonais en étaient encore au stade de l’imitation : vrais faux Rolleiflex, Leica, Grundig ou Philips… Canon commençait à pointer son… objectif, Sony ses magnétophones. C’était encore un peu… pacotille, mais le progrès était en bonne voie, et la revente au double de la valeur d’achat, était garantie en Europe. Il y avait de tout pour tous et toutes, même les jouets pour enfants, fabriqués dans de vieux bidons étaient nombreux et incroyables. Il nous restait encore des tunes, pour que la visite de Singapour soit complète, nous sommes allés dîner de façon originale et… étrange. Nous avons donc mangé du serpent dans un grand restaurant réputé, refusant l’un des chiens ou des singes engraissés à cet effet dans des petites cages, et qu’on nous demandait de choisir : « Pékinois avec riz Cantonais ?… Les chiots avaient un regard suppliant… comme si choisir, c’était adopter ! Vous préférez du babouin aux petits oignons ?… L’un d’eux se masturbait tranquillement, c’eut été indélicat de le troubler ! Serpent à la constriction constipante ?… O.K. !…. et l’anguille de terre sans arêtes... se révéla délicieuse. En entrée, nous avions de gros vers blancs grillés, et quelques insectes du genre grillons… grillés. Quelques riches Chinois à la table à côté, se payèrent de la cervelle de singes décalottés devant eux.
– Etrange monde, étranges mœurs, étrange cuisine !… dit sentencieusement Marcel qui avait du apprécier ces mets lors de ses escales… jadis ! Un chien qui passait devant le banc des menteux partit lever la patte plus loin… d’un air écoeuré.
– De retour à bord assez tard, nous avions le palais un peu… sec. Heureusement, le pilotin machine faisait partie de la bande qui avait piraté le champagne des généraux en cale 4, il avait encore quelques bouteilles planquées dans la chambre frigo, où chaque jour, il était chargé de relever les températures. Nous avons pu faire sauter quelques bouchons à la gloire de nos armées sacrifiées, parties la queue basse, au triomphe de pauvre petit monde jaune, et… à notre santé !
– Tel est beaux Messieurs mon rapport des paroles dites avec un rire… jaune, par Kerdubon.
Signé : Planchet
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