Ces voiles improbables, aux noms impossibles

dessin  3 matsComme chacun sait, toutes les voiles offertes au vent portent un nom bien à elles, selon leur position et leur rôle dans le gréement (voir l’image). Noms « utilitaires » pourrait-on dire et généralement bien connus. Mais pour d’autres, le nom que leur ont donné les matelots d’antan n’a reçu aucune explication. Il doit bien y en avoir une, ou plusieurs, mais tout le monde les ignore. Ces mots émergent du temps, au XVIII/XIXᵉ siècle, et gardent, pour la plupart, un mystère originel total. Aucune trace écrite, les matelots sont illettrés, ils n’écrivent pas, et leurs officiers n’en parlent pas non plus. Si l’on excepte les célèbres hunier, foc, trinquette, brigantine, etc.,  il ne nous en reste, aujourd’hui, que des noms étranges ou poétiques, qui laissent toute la place à l’imagination, ce qui n’est pas plus mal. On peut croire aussi à des surnoms donnés localement par les matelots, toutes les supputations sont possibles.
Notre ignorance est encore plus grande qu’il n’y paraît, car si nous savons, à peu près, où se situent les principales voiles hautes et basses, il s’avère difficile (je ne dis pas impossible) de placer les surprenantes paille en cul, marquise, pouillouse ou aile de pigeon. Le grand érudit maritime Pierre Sizaire (1) en cite bien d’autres, le coq-souris, le papillon, la belle étoile... Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve ?
Bienheureux les plaisanciers d’aujourd’hui qui n’ont, pour la plupart, qu’à se débrouiller avec un foc et une grand voile, éventuellement une trinquette ou un tape cul…
Évidemment, de fins esprits se sont risqués à des exégèses audacieuses. Selon eux, (selon certains) le nom des cacatois, perruches et autres perroquets de fougue par exemple, proviendraient d’un rapprochement avec les perchoirs de ces gracieux volatiles, qui font un peu penser aux vergues d’un grand voilier. Bon, pourquoi pas, mais encore ?… Et surtout, que proposent les clercs pour les improbables ah-ah, lèche-frites, ou couille en l’air ? J’aimerais bien savoir…
Finalement, n’est-il pas plus simple de palier notre manque d’érudition par l’imagination, et de rêver à quelque gabier s’envolant vers une belle étoile incertaine dont la chute fasseye dans le vent du soir ?
Aramis
(1) Le parler matelot – EMOM 1976.

2 Réponses to “Ces voiles improbables, aux noms impossibles”


  1. 1 Pierre Strand Hugg 11 mars 2014 à 15:21

    Petite remarque à toc de toile : un des cailloux de Chausey s’appelle :la pouillouse … la sienne (celle qui) qu’a des poux .

  2. 2 MINNI Marc 20 mars 2014 à 15:21

    Comment s’y retrouver dans toutes ces voiles improbables, aux noms impossibles ? Le mieux pour retenir les noms, est d’utiliser la méthode des Terre-Neuvas du temps des goélettes. Le mousse devait les connaître par coeur et les réciter. A la moindre erreur, le Capitaine l’envoyait « voir la lune » en tête de mât. « T’as vu la lune »?, alors retourne la voir VINGT FOIS dans la hune ! Méthode infaillible, compte tenu de la hauteur (plus de 25 mètres) et du roulis . . .
    Anecdote véridique extraite du film « MEMOIRE DE BRUME » d’Alain-Michel Blanc qui retrace cette épopée et a interviewé les derniers Terre-Neuvas, témoins de cette époque
    Cdt Marco
    Saint-Malo


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